L'histoire est étrange comme un conte de fées, belle comme un mythe des origines pétrissant la vie, la mort et le sang. Il était une fois une femme qui attendait un enfant tandis qu'à des centaines de lieues de là un jeune garçon très malade attendait la mort. Un beau matin, l'enfant paraît, joli et rose. Arrive une sage-femme qui coupe le cordon ombilical. Mais avant de le jeter comme il est d'usage, elle le pique avec une aiguille et en tire trois onces du sang du nouveau-né dont il est encore gorgé. On amène alors le fluide vital au jeune garçon, qui le reçoit dans son sang, et guérit bientôt.
Une naissance, deux vies. L'une est donnée, l'autre sauvée... L'histoire est cependant véridique, mille fois vécue. La première fois, c'était en 1988 à Paris, à l'hôpital Saint-Louis, lorsque l'équipe d'Eliane Gluckman a injecté à un petit garçon de six ans atteint de la maladie de Fanconi le sang placentaire prélevé dans le cordon ombilical de sa petite soeur. La maladie de Fanconi est un trouble héréditaire grave qui atteint la moelle osseuse, siège de la génération des cellules sanguines-globules blancs, rouges, plaquettes... La greffe de sang a pris. La moelle osseuse s'est mise à produire des cellules saines. Aujourd'hui âgé de 18 ans, le gamin se porte comme un charme, avec dans ses veines le sang de sa soeur... L'enfant est, pour le bonheur de tous, une discrète chimère biologique, tout comme les quelque trois mille personnes atteintes de maladies du sang ou de la moelle osseu