Des esprits étroits et frileux dénoncent le projet d'une antenne du Louvre à Abou Dhabi. Ils ont tort et, de surcroît, ils sont mal informés. Ce n'est pas dans la capitale des Emirats arabes unis que le «Louvre des sables» doit voir le jour mais juste en face, sur Saadiyat Island. En français : l'île du Bonheur.
Là où il n'y avait que sable et mangrove, les Emirats sont en train de faire pousser un endroit merveilleux : une trentaine d'hôtels de luxe, 8 000 villas de grand standing, 19 km de plages immaculées, trois marinas pouvant accueillir jusqu'à 1 000 bateaux, deux parcours de golf. «Ce sera une destination de carte postale, comme l'est Capri pour l'Italie», a résumé Son Altesse le cheikh Sultan ben Tahnoun al-Nahyan, responsable du projet. Imaginez le rocher de Monaco enfin détaché du continent et coulant des jours encore plus doux au large de la misère du monde : voilà l'île du Bonheur.
C'est à ce grand projet que le Louvre aura peut-être l'honneur d'être associé. Comment ne pas s'en réjouir ? Une culture haut de gamme pour un public haut de gamme, c'est un programme cohérent et, à y bien réfléchir, une nécessité. Car après une journée de golf et de sable blanc, on finit invariablement par s'emmerder. Admirer les trésors du Louvre au coucher du soleil, lorsque la brise de mer vient rafraîchir les corps et le champagne faire pétiller les esprits, ce sera, oui, un authentique bonheur. Un jour, fortune faite, les centaines de milliers de manoeuvres philippins