Comme l'a dit autrefois la speakerine Denise Fabre, lapsant quelque peu son annonce du chef-d'oeuvre de Claude Lelouch : «Et ce soir, un homme est une femme.» En Inde, c'est tous les jours le soir pour les Hijras, caste de travestis et de transsexuels qui, avant que l'administration coloniale britannique ne les persécute pour cause «d'attentat à la pudeur», faisaient partie du paysage indien. Depuis l'indépendance de l'Inde, les choses se sont plus ou moins arrangées pour les Hijras. Leur réputation bienfaitrice (notamment auprès des enfants) fut réactivée à condition qu'ils/elles ne la ramènent pas trop. Or, sur cette image prise à New Delhi le 27 janvier lors d'une manifestation contre le laboratoire pharmaceutique suisse Novartis qui entend préserver ses brevets au détriment des médicaments génériques, il semblerait qu'un Hijra (au moins) a décidé de la ramener. Cet Hijra manifeste pose la question de la visibilité. Bien sûr, on peut parier que le photographe s'est précipité sur son visage pour faire de l'image à sensation, privilégier le pittoresque croustillant et, partant, être sûr de vendre son cliché. Mais ce que raconte ce visage soucieux excède la manipulation photographique dont il est la victime. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure, un nez dont la pointe est amochée par une cicatrice. Qui doit être moins le stigmate d'une chirurgie esthétique foirée que la trace dans les chairs d'une vie dure, si l'on sait qu'aujourd'hui encore, dans la s
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