Sidoarjo (Java, Indonésie) envoyée spéciale.
De loin, on aperçoit un énorme champignon de fumée blanche qui s'élève au-dessus d'une zone urbaine. De près, on ne voit plus que de la boue. Un immense lac de boue qui s'étend sur des centaines d'hectares. Seule une île fumante, reliée par une digue en terre, émerge de ce paysage de désolation, avec en son centre, affleurant d'une dizaine de mètres en surplomb, un cratère bouillonnant. A ses pieds s'agitent des grues et des pelleteuses. L'Indonésie croyait tout connaître des humeurs de la Terre du tsunami aux inondations. Tout, sauf ce genre de volcan de boue, qui vomit depuis bientôt dix mois plusieurs dizaines de milliers de mètres cubes de liquide visqueux chaque jour. Déjà, 8 000 maisons, 25 entreprises, 18 écoles, une dizaine de rizières et une autoroute ont été englouties dans cette région industrielle de Sidoarjo, à l'est de Java, l'île la plus peuplée de l'archipel. 450 hectares gisent sous une couche de boue qui atteint par endroits les 10 mètres d'épaisseur.Et le volcan, baptisé Lusi (acronyme de «Lumpur» boue en indonésien et «Sidoarjo»), ne donne encore aucun signe d'essoufflement. Ilpourrait continuer à cracher durant des années, voire des siècles, estiment certains experts, désemparés face à une éruption de boue catastrophique qui pourrait avoir été causée par l'homme.
Scandale politico-financier
Tout a commencé le 29 mai 2006, à 5 heures du matin. La compagnie pétrolière indonésienne Lapindo prospecte à plus de