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Afrique, SOS pillages

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Pointes de flèches, bifaces, statuettes en terre cuite... Le trafic de ces témoins de l'histoire africaine ne cesse d'augmenter. Des archéologues réunis à Nouakchott sonnent l'alarme.
publié le 24 mars 2007 à 6h48

Nouakchott (Mauritanie), envoyée spécial

A même le trottoir sableux, devant des boutiques d'antiquaires du centre de Nouakchott, le passant qui farfouille tombe sur des pointes de flèches du néolithique: «Celles-là ont 6 000 ans», lâche un connaisseur. «Ce genre de vente devrait être interdit. Tout comme l'achat, d'ailleurs. Tout ce commerce participe au pillage de la mémoire du pays.» Mais pour quelques euros, le touriste ou le collectionneur repart avec une hache, un biface ou une meule préhistoriques. Ces petits trésors s'entassent en toute illégalité sur les étals d'une ville alanguie entre mer et désert, riche d'un passé encore peu étudié.

En février, au terme de trois jours de réunion dans la capitale mauritanienne (1), des archéologues des pays d'Afrique de l'Ouest ont lancé l'«appel de Nouakchott», en faveur de la sauvegarde et de la valorisation du patrimoine archéologique. Il s'agit de protéger la région du pillage de ces richesses anciennes, objets de trafics internationaux. Et de l'aider à fouiller et à écrire son histoire : «Il est important de savoir d'où on vient, analyse Pierre de Maret, ancien directeur de l'université libre de Bruxelles, spécialiste de l'Afrique centrale. Les gouvernants ou leurs opposants manipulent les identités, jouent sur l'ignorance des gens.»

Aux enchères sur Internet

La Mauritanie constitue un bon exemple de la dilapidation des vestiges des périodes préhistoriques et historiques. Ici comme dans les autres pays