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Libération
Critique

Pas si douce, la France

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publié le 24 mars 2007 à 6h48

Dans une campagne présidentielle, il y a le barnum des candidats qui se pourchassent en poussant des grands cris et il y a aussi l'électeur confronté à son «moi politique», ce petit cinéma intérieur où chacun se repasse les événements qui l'ont frappé. Pétris de politique tout en se définissant comme issus «d'une génération que l'on dit dépolitisée», trois écrivains se sont associés pour créer un nouveau genre littéraire, l'autoessai politique, tricotant analyses et récits personnels, extraits de presse et dialogues inventés, coups de gueule et jeux de langage.

«Référendum/banlieue/CPE», dit le sous-titre, plantant sa flèche directement au coeur du problème français. C'est, écrite à six mains, une chronique d'un pays qui se débat contre un mal invisible et insaisissable, que l'on ne connaît qu'à ses symptômes : colère des électeurs, émeutiers, étudiants ; impuissance verbeuse des politiques, journalistes, intellectuels. Le résultat a un côté patchwork assez déconcertant ; d'ailleurs, la lecture peut très bien se faire dans le désordre, en picorant ici, en retournant là-bas. Mais on finit par comprendre que l'éparpillement est la seule forme capable de restituer le caractère protéiforme de l'affaire.

Des lignes de force se dessinent néanmoins : la ville, comme décor romanesque, comme théâtre des corps qui se déplacent, rêvent, gueulent. On se déplace beaucoup dans cet essai atypique : on prend le RER, on manifeste dans les rues de Paris, on fait un détour p