Les principaux candidats, Sarkozy, Royal ou Bayrou, semblent gênés par leurs partis respectifs. Et les électeurs se rangent de moins en moins aisément derrière telle ou telle formation. Diriez-vous que les partis politiques français sont en crise ?
Si l'on se place du côté de l'identification des citoyens aux partis, on peut dire que les citoyens arrivent encore à désigner un parti dont ils ne se sentent pas trop éloignés mais que l'intensité du lien est de plus en plus faible. De ce point de vue, il y a incontestablement un affaiblissement des partis. Si l'on considère maintenant le système politique vu de l'élection présidentielle, je ne pense pas que l'on puisse parler d'affaiblissement. On peut même, paradoxalement, défendre l'idée qu'ils n'ont jamais joué un rôle aussi important.
Pourquoi ?
Depuis 1981, aucun candidat présent au second tour n'a pu se passer d'un parti organisé. Les échecs de Raymond Barre en 1988 comme d'Edouard Balladur en 1995, deux candidats qui avaient un rapport distancié aux partis, sont là pour nous le rappeler. La stratégie de Nicolas Sarkozy tient à ce constat. Il n'a eu de cesse de conquérir les rênes d'un parti qui, à l'origine, n'avait pas été créé pour lui. Il le considérait comme un outil indispensable. De fait, comparé au début de la Ve République, les partis ont affermi leur emprise sur l'élection présidentielle. Le paradoxe est qu'ils ont renforcé leur rôle, notamment pour ce qui est du contrôle de la sélection des candidats présidentiels,