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Libération

«Si j'étais...»

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publié le 7 avril 2007 à 7h05

«Si j'étais séropo-sitive, vous voteriez pour moi ?» L'association de lutte contre le sida Aides affiche des photos de Ségolène Royal agrémentées de cette phrase. La candidate socialiste n'est certes pas responsable de cette campagne, mais on suppute qu'elle a réfléchi avant de donner son accord, comme l'ont fait les autres candidats avant elle. Or ces affiches semblent tout à fait antipathiques. «Si j'étais séropositive» : cet irréel a un effet immédiat, il signifie, comme une précision apportée dans le même mouvement, «mais rassurez-vous, je ne le suis pas». L'affiche n'a de sens que parce qu'on est censé comprendre que Ségolène Royal n'est aucunement contaminée. Et pourquoi ne le serait-elle pas ? Parce que les personnalités ne peuvent pas être atteintes par le sida ? Parce que ça se verrait si elle l'était ? Parce que ça se saurait ? Aux tests anonymes, doit-on substituer des tests publics ?

Ce qui frappe dans cette affiche est sa conformité avec la stratégie courante de Ségolène Royal. C'est un dialogue entre gens qui s'entendent déjà. Une non-séropositive utilise le sida pour parler aux non-séropositifs, de même qu'elle peut caresser un handicapé pour susciter l'émotion de tous les non-handicapés et de même qu'elle s'intéresse tellement aux jeunes pour séduire leurs parents, principalement leurs fameuses «mamans». Au lieu de rassembler, cette façon de faire divise. Cette prétendue pitié est une exclusion se présentant comme compassionnelle, ce qui a