L'Intifada al-Aqsa, qui a débuté en septembre 2000, a eu deux effets paradoxaux. Le premier a été d'imposer l'idée d'un Etat palestinien, même chez ceux qui y étaient le plus réticents. Le second tient au fait que ce futur Etat, qui ne fait plus débat, est devenu, dans les faits, impossible à cause du découpage territorial opéré par le «mur de séparation». René Backmann, rédacteur en chef au Nouvel Observateur, consacre un livre entier à cet édifice aux implications politiques que l'on n'a pas fini de mesurer. Il en retrace la généalogie, raconte la conversion décisive d'Ariel Sharon à cette idée d'abord défendue par la gauche et refusée par les colons et la droite nationaliste, pour qui elle revient à limiter l'expansion du Grand Israël en Judée-Samarie, la Cisjordanie des Palestiniens. Le vieux général, qui a toujours raisonné avec une carte dans la tête, a fini par comprendre tout l'avantage qu'il pouvait tirer du soutien indéfectible de l'administration Bush et des erreurs stratégiques de l'Autorité palestinienne. Quant à la société israélienne, traumatisée par la multiplication des attentats suicides en 2001-2002, elle n'aspirait plus qu'à avoir la paix plutôt qu'à la faire.
L'enquête de René Backmann le conduit chez les hommes de l'ombre, pour la plupart des militaires, qui ont conçu le tracé de ce qu'ils appellent pudiquement la «barrière de sécurité». Officiellement, l'objectif est de protéger le maximum de citoyens israéliens en établissant un cordon sa