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Libération

Mamours et eau de Cologne

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publié le 14 avril 2007 à 7h13

La photographie est en couleurs. Elle date pourtant de la libération du territoire français courant 1944 par les troupes alliées, époque où la majorité des photographies étaient en noir et blanc. Qu'elle soit en couleurs est un indice d'étrangeté. Le soldat doit être américain ou britannique puisqu'il est orné d'une bannière étoilée et d'un Union Jack. C'est déjà curieux cette façon d'être transformé en sapin de Noël en plein été. Car il fait soleil sur cette image. Quant à la petite fille, on note d'abord le noeud de tissu dans ses cheveux. On l'a faite jolie. Et sa robe est assortie en rayures bleues, blanches et rouges, censément patriotiques. Une union sacrée en somme. Or pour ces raisons, rien ne va dans ce cliché de mamours où tout hurle au plus que vrai. Le décor, d'abord, qui a tout l'air d'être à Versailles devant la grille du château. Pour signifier certainement une sorte de prestige historique à fumet 1789. Ils passaient par là le soldat et la petite fille, et ils se sont sautés au cou. Donc cette photographie est une image de propagande. Mais comme souvent beaucoup de choses échappent à sa mise en scène. Par exemple, le petit foulard du soldat, qui n'est pas du tout réglementaire. Peut-être une pochette en satin à pois qu'il a eu l'élégance de recycler en tour de cou, ce qui intrigue dans le sens de son faux air de Tyrone Power. On note aussi qu'il serre de très près la petite fille et que ses lèvres sont à deux doigts de sa bouche. Certes les moeurs familiales a