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Libération

Traîtres à succès

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publié le 14 avril 2007 à 7h12

On parle souvent de la souffrance des écrivains au travail mais il est des livres conçus pour faire du mal à une tout autre personne. Eric Besson, mécontent d'être traité comme un chien et comme du poisson pourri ­ prouesse zoologique ­ par Ségolène Royal et le Parti socialiste, a ainsi rédigé en quelques jours un livre devenu illico un best-seller pour dire toutes les horreurs qu'il pensait de celle pour qui il se battait quelques semaines plus tôt . Quoi qu'on pense de Ségolène Royal, le procédé a quelque chose de déplaisant. Azouz Begag, qui a cohabité des mois au gouvernement avec Nicolas Sarkozy sans éprouver le besoin de démissionner, se retrouve soudain forcé à quitter son poste parce que paraît, juste avant l'élection, son livre contre le candidat UMP. Quoi qu'on pense de Nicolas Sarkozy, cet acte a quelque chose d'un peu miteux. On est toujours surpris que des gens liés par une obligation de réserve, une clause de conscience, un secret professionnel ou une simple solidarité s'en affranchissent soudain si radicalement. On se demande comment ils ont tenu jusque-là. Eric Besson et Azouz Begag publient leur «J'accuse» sans qu'on leur trouve autant de vertu qu'à Zola. C'est aussi qu'on n'aimerait pas que de telles ruptures se généralisent. Que dirait-on si les dentistes et les prostituées racontaient la conduite de leurs clients aux moments critiques, si les femmes et hommes de ménage sortaient en librairie les comptes rendus de leurs découvertes, si les gynécologues dif