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Libération
Critique

Pour une société pluraliste

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publié le 19 mai 2007 à 7h50

Social-libéral ! Y a-t-il aujourd'hui, dans la France de gauche pire insulte que celle-là ? Traître, tueur en série, assassin d'enfants, réformiste, peut-être...Pourtant ce courant progressiste et démocratique à la fois a ses lettres de noblesse que la gauche radicale ignore, et que la gauche socialiste, encore imprégnée de tradition marxiste, ne veut pas connaître. Normalien et professeur à la Sorbonne, Serge Audier livre une description synthétique et complète du socialisme libéral, qui vient prolonger dans un style agréable les travaux essentiels de Claude Lefort, grand précurseur ou, à un autre niveau, ceux de Jean Matouk ou de Monique Canto-Sperber.

L'affaire débute en Grande-Bretagne quand un libéral bon teint, John Stuart Mill, s'avise que les idéaux des Lumières ne sauraient être réalisés si l'inégalité des conditions entre les hommes les prive en fait des possibilités que les lois leur garantissent en droit. Cette prolongation de la liberté par l'égalité va devenir le fil rouge de la réflexion socialiste. Mais très vite, le mouvement ouvrier va négliger le plus souvent la liberté ­ c'est celle des bourgeois, dira-t-on ­ pour se concentrer sur l'égalité, qui suppose une subversion générale de l'ordre établi. On aboutira ainsi à ce socialisme autoritaire qui a ravagé le XXe siècle.

Tout le mouvement ouvrier ? Non ! Dans tous les pays, un certain nombre de militants et de penseurs lucides vont immédiatement voir le piège : si l'Etat socialiste néglige la liberté, il orga