Mario Rossi est professeur émérite de phonétique à l'université de Provence. Il a mené une étude systématique sur les lapsus.
Pourquoi vous êtes-vous intéressé au lapsus ?
Dans mes cours, j'ai été amené à parler du fonctionnement du langage et des différentes mémoires utilisées quand nous parlons. En particulier, de la mémoire à court terme, qui nous permet d'emmagasiner pendant un certain temps ce que nous venons de dire et d'anticiper ce que nous allons dire. C'est précisément ce qu'il y a dans cette mémoire à court terme qui interfère avec ce que nous avons à dire et provoque le lapsus. Un exemple simple est celui du prénom Helmut, que j'avais entendu prononcer «Hetmul». Pourquoi cette erreur ? Parce que nous anticipons la forme phonétique de ce que nous avons à dire sur un certain empan, une longueur donnée d'une moyenne six syllabes. Nous faisons ce travail d'anticipation, car le langage relève d'une activité rapide et complexe qui doit permettre de coarticuler des sons en temps réel. Dans le cas d'Helmut, quand je prononce le début du mot, j'anticipe, dans la mémoire à court terme, ce qui suit. Si mon attention sous-jacente est perturbée, c'est ce qu'il y a dans la mémoire à court terme qui prend le relais.
D'où vient le lapsus ?
Le lapsus est d'abord révélateur du fonctionnement du langage. C'est l'intention sous-jacente qui dirige le langage et qui le programme. Lorsque cette intention est perturbée, le facteur qui a le plus de poids dans la mémoire à court terme peut se