Sous le choc de sa vision, un correspondant particulier nous écrit : «Cette photo est déjà découpée, posée sur mon bureau, et je le regarde, comme il nous regarde, avec envie et insolence.»
Voilà en effet un portrait de Bernard-Marie Koltès qui change tout au procès intenté par l'administrateur de la Comédie-Française contre François Koltès, ayant droit de feu son frère, qui estima que confier le rôle d'Aziz à un acteur non arabe dans la mise en scène récente du Retour au désert portait préjudice aux instructions du dramaturge décédé.
A voir le mort, on l'entend d'outre-tombe, par l'interstice de ses lèvres entrouvertes, nous souffler que cette exigence d'un Arabe dans la peau d'Aziz n'est pas raciale, ni raciste à rebours, mais conforme à l'esprit des lois de son oeuvre si attentive et tendre envers les «nègres» et les «bicots». Cette image donne donc envie de lire, relire et méditer les écrits de Bernard-Marie Koltès.
L'image dit aussi que Koltès était beau comme un frère caché de l'acteur bouclé Pierre Clémenti, issu de Lou Reed avant l'imposture, époque tout cuir Transformer (1972). «Comme une liberté, un certain flou, loin de notre époque si lisse, si propre», aurait dit notre correspondant particulier.
B.-M. K., mort trop tôt (1989) pour être vieux, dégradé, atteint. Cette image est aussi une machine célibataire façon Duchamp, un fiancé mis à nu, car on voit que le jeune homme porte une alliance au petit doigt de la main gauche. Qui fut