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Libération
Interview

«Les nationalistes japonais réclament le droit à la guerre»

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Yoichi Higuchi dénonce le caractère ouvertement ethnique du néonationalisme japonais né dans les années 80 et exprimé au sein même du parti au pouvoir. Il appelle à la vigilance face à ces idées extrémistes reprises par une droite intellectuelle et cultivée qui s'exprime dans les grands médias.
publié le 16 juin 2007 à 8h21

Après la défaite du Japon, en 1945, le nationalisme japonais, écrivez-vous dans votre dernier ouvrage, n'a jamais disparu. Quelles sont aujourd'hui ses caractéristiques ?

Le nationalisme japonais présente trois particularités. D'abord il est revendiqué par des responsables présents au sein même du pouvoir. Nous n'avons pas de Haider ou de Le Pen, parce que chez nous, les extrémistes ont trouvé grâce au sein même du gouvernement et du parti au pouvoir, le Parti libéral démocrate (PLD) dont l'actuel chef de file est le Premier ministre Shinzo Abe.

Ensuite, les nationalistes au pouvoir ne cachent ni leur sympathie ni leur nostalgie pour l'ancien empire militaire du Japon. Des responsables au pouvoir répètent que le Japon d'après-guerre n'a pas à faire de repentir pour ses crimes passés, dans la mesure où la guerre que le «Grand Japon» mena en Asie alors, fut, d'après eux, une «guerre de libération» des peuples d'Asie de la domination occidentale. D'autres nationalistes jugent que le Japon est de nos jours suffisamment démocratisé et qu'il n'y a pas de risque de dérive semblable à celle des années 30.

Enfin, le nationalisme japonais est ouvertement ethnique. Il refuse la logique de l'Etat moderne et le contrat social depuis Thomas Hobbes. Il comble en vérité un vide creusé par le retrait de l'Etat à l'ère de la globalisation. Or, la nation prise au sens ethnique, c'est à mon avis très dangereux.

Pourquoi ?

Je rappelle toujours aux jeunes dans quelle situation était le Japon avant 193