Kyoto
envoyé spécial
Bienvenue au laboratoire de robotique de l'Institut de recherche avancée en télécommunications (ATR), pôle technologique richement doté en fonds publics et privés où travaillent trois cents chercheurs, à trente minutes de Kyoto. Au 4 e étage d'un imposant bâtiment, dans une pièce exiguë aux entrées sécurisées et équipées de caméras vidéo, d'un écran plasma et de capteurs, apparaît une silhouette noire, silencieuse et immobile sur une chaise à roulettes. Nul doute, c'est le très médiatique professeur Hiroshi Ishiguro, directeur du laboratoire de robotique intelligente de l'université d'Osaka. «Bonjour, lance-t-il dans un japonais poli. Je m'appelle Hiroshi Ishiguro. Enchanté.»
Sauf qu'en vérité celui qui se présente n'est pas le professeur Ishiguro. C'est son double. Il s'appelle Geminoid HI-1, et il reste, un an après sa venue au monde en juillet 2006, le robot humanoïde le plus spectaculaire jamais mis au point. Ce drôle de robot sapiens, 1 m 80 pour 80 kilos, est la réplique exacte du professeur. Agité de micromouvements incessants, doté d'une gravité dynamique, Geminoid est un bijou mécanique. Unique. Le répliquer coûterait 200 000 euros.
Un double multisensoriel
Pantalon noir en coton, fin blouson en tergal et baskets montantes, Geminoid s'exprime et bouge comme Hiroshi Ishiguro. Assis les jambes croisées (il ne peut toutefois pas se lever), il fronce les sourcils, a l'air étonné. Timide, il détourne la tête si on le