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Libération
Critique

La nostalgie de la grandeur

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publié le 22 septembre 2007 à 9h45

Evidemment, tout ne va pas de soi. A commencer par le titre : l'auteur a beau s'en défendre - «Non ce n'est pas la démocratie qui est obscène ! C'est la ­scène républicaine qu'il faut sauver de l'obscénité» -, demeure chez lui un vieux fond de méfiance envers un système suspect d'entraver la «puissance» d'un pays. Contre le «modèle scandinave» et son culte de la «simplicité», Régis Debray cultivera toujours la nostalgie de la «grandeur» : «Nous ne tolérons plus d'être représentés par des hommes ou des femmes d'exception, qui pourraient nous hisser un peu trop haut, nous exigeons des ­sosies à notre taille et semblance.» Ceux qui les cherchent ne manqueront pas de humer des relents réactionnaires dans la prose du «rusé ronchon» ainsi qu'il s'autodéfinit. Où l'on trouvera aussi certains raccourcis osés (tout cela, c'est la faute à Guy Debord), et quelques contre-vérités comme l'assertion fantaisiste sur la «croissante désertion du public dans les salles de théâtre».

Du théâtre justement, il est une nouvelle fois beaucoup question dans cet essai. Mais autant Sur le pont d'Avignon, son précédent ouvrage, tenait du coup de sang superflu, autant celui-ci se révèle consistant. Car, si Debray connaît mal la création contemporaine qu'il stigmatise, il parle fort bien de la place symbolique du théâtre. Dressant le parallèle entre scène théâtrale et scène politique, c'est un éloge de la «représentation» que propose