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Interview

«Le miracle de l'Inde est que la démocratie a survécu et qu'elle prospère»

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Pavan K. Varma, écrivain et diplomate indien, estime que malgré les nombreux particularismes, les graves inégalités dues au système des castes, les religions et les ethnies différentes, l'Inde constitue un pays homogène où la majorité de son milliard d'habitants se sent indienne avant tout.
publié le 22 septembre 2007 à 9h45

L'Inde est-elle une superpuissance ?

Je ne pense pas qu'elle le soit déjà. Il y a plusieurs Inde dans l'Inde. Ma théorie est que l'Inde a fini par trouver que ce que j'appelle un «point d'équilibre décisif», qui combine pour la première fois quatre facteurs complémentaires. Le premier est la survie, hier improbable mais aujourd'hui définitive, de la démocratie : un point très important pour ce pays rongé d'inégalités. Le deuxième est la nouvelle légitimité offerte à ceux qui font preuve d'esprit d'entreprise. Les Indiens sont des entrepreneurs nés, même s'ils tiennent à leur génie spirituel. Le troisième est le facteur technologique. Au-delà de la simple évocation des technologies de l'information, les récents succès technologiques ont donné aux Indiens une confiance nouvelle en leur valeur. Le quatrième facteur est l'émergence de la notion d'identité panindienne. Cette identité rend possible pour chaque Indien, quel que soit l'endroit du pays où il habite, de se reconnaître dans plusieurs symboles qui lui permettent de se sentir en connexion avec l'ensemble du pays.

La démocratie en Inde n'est-elle pas seulement une façade ?

Le miracle de l'Inde est que non seulement la ­démocratie a survécu, mais aujourd'hui elle prospère. Contrairement à ce que pensent souvent les Indiens, ils n'avaient pas forcément un esprit ou un tempérament démocratique au départ. Nous sommes issus d'une société hiérarchisée, où encore ­récemment le principe d'inégalité relevait quasiment d'un con