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Libération

Baiser volé

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publié le 13 octobre 2007 à 0h45

La pause vient de la statuaire et bien évidemment du Baiser de Rodin. Sauf qu'ici les protagonistes, juste avant l'instantané, ont bougé, et juste après, vont se remettre en mouvement. Ce qui amène à se poser la question de leur activité présente. Premier coup d'oeil : un garçon, une fille, s'embrassent avidement sur le rebord d'un front de mer. Ils sont jeunes et fougueux. Complices en cet instant de bécot, même si la position de la jeune fille, musculaire et tendue, pourrait laisser soupçonner un brin de réticence. Et relancer ainsi une éternelle intrigue : qui embrasse qui, quand on se roule une pelle ? C'est lui qui la domine, c'est elle qui le reçoit. Mais cette hypothèse d'un relent de machisme ne tient pas. La jeune fille ne se retient pas mais au contraire s'abandonne, appuyée sur ses coudes dans la recherche du maximum de confort. C'est donc édénique à souhait : seuls au monde comme de coutume, Adam et Eve pour toujours. A ce titre : touchants, enviables et un brin déclencheur de nostalgie pour qui a passé l'âge de ce genre d'innocence.

Mais la candeur s'arrête à la porte d'acier de ce faux paradis. La scène a été prise à La Havane sur le Malecon, sorte de Croisette locale. A l'horizon ce n'est pas le phare du bout du monde légendaire mais un fort hispanisant de l'époque coloniale, geôle à la Dumas, façon château d'If dans Monte-Cristo, dont on espère qu'il n'a pas repris du service carcéral sous Fidel Castro. Dès lors, comme un crachin surprise, c'est