Exploration. Dans un monde chaque jour plus petit et plus fini, ce mot ancré à la confluence du voyage et de la science fait plus que jamais rêver. Le temps est révolu des expéditions qui, du XVI e siècle jusqu'au début du XX e siècle, ont souvent fait rimer découverte et conquête.
Aujourd'hui, l'exploration de la planète, dans toutes ses dimensions (physique, biologique, humaine.) se poursuit, pour la meilleure des raisons possibles : l'acquisition de connaissances.
Elle est conduite par des chercheurs issus des disciplines les plus diverses, partant aux quatre coins du monde, les uns en missions discrètes à petits budgets, les autres en expéditions phares qui pèsent des millions d'euros.
Ces recherches sont les symboles d'une science vivante parce que curieuse d'échanges et d'innovations, étrangère à l'esprit de repli sur les frontières et les certitudes. En ce week-end de Fête de la science, malheureusement célébrée dans un climat d'incertitude sur l'avenir de la recherche publique, cinq chercheurs travaillant dans des organismes académiques nous racontent leurs aventures sur le terrain.
Semeï, Kazakhstan
Ken McElreavey, 34 ans, généticien (1)
ADN irradié
Chaque année depuis cinq ans, Ken McElreavey quitte son laboratoire de l'Institut Pasteur à Paris pour un séjour dans une cité des steppes d'Asie centrale : Semeï, ex-Semipalatinsk, de sinistre mémoire. Située au nord du Kazakhstan, aux frontières de la Chine et de la Russie, la ville est «au coeur de la région la plus