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Libération

Le long poème de soi

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publié le 20 octobre 2007 à 0h57

Samedi La haine Henri Guaino (lire aussi page 8) est un homme de l’ombre entré subrepticement dans la lumière. Il est une machine à penser présidentielle, celui qui écrit les discours de Nicolas Sarkozy saupoudrés habilement des ombres tutélaires de la gauche, Jean Jaurès, Léon Blum, Guy Môquet. C’est lui qui a rédigé le discours de Dakar où il fut déclaré par le président de la France, devant des étudiants abasourdis, que si les Africains n’étaient pas développés c’est parce qu’ils «n’étaient pas inscrits dans l’Histoire». Quelle Histoire ? La nôtre, la leur ? Depuis Fernand Braudel on sait que ce temps n’est pas universel, qu’il ne se déroule pas de la même manière et à la même vitesse dans chacun des continents du monde, que chaque peuple à sa mémoire et sa légende. A propos de ce discours Bernard-Henri Lévy déclare cette semaine sur France Inter que ces paroles sont d’inspiration maurrassienne et que Henri Guaino est raciste. On s’attend à une réponse circonstanciée, une défense de soi, une argumentation, que des convictions soient démontrées. Il n’en est rien. Le retour élyséen est une attaque ad nominem, un phantasme où l’opposant politique n’est plus une personne mais une caricature, remake des années d’occupation où le juif était forcément crochu du nez, le résistant un bandit, l’étranger une «racaille» venue spolier la France. Retenez cette réponse d’Henri Guaino : «BHL a la bave aux lèvres avec la haine qui suinte de partout.» Il y a là une outrance indigne, un r