Il était une fois la vulgarité. C'est-à-dire ce langage, grossier et coloré, avec lequel le vulgaire, les pauvres chantaient leurs malheurs et leurs colères. Un vacarme plébéien et insolent, une invention linguistique dans tous les dialectes et jargons. Dans leurs palais, en revanche, les riches mettaient la poudre et le fard de la métaphore sur chaque terme inconvenant ou trop corporel. Mais même cette prérogative a été enlevée aux pauvres. En Italie, à l'ère cathodique, le langage obscène est l'apanage des politiciens, des puissants, des personnages télévisuels. Le gros mot et l'insulte font grimper l'Audimat. D'où la naissance du néovulgaire à l'usage des riches : la télévision est la poubelle dorée qui le contient.
Petit rot. Dans certaines émissions, des excitateurs professionnels, hypocritement appelés «modérateurs», célèbrent le rite du gros mot sacré. Des politiciens hurlent, tous en même temps, en une cacophonie où l'organe préposé à la discussion n'est pas le cerveau, mais le larynx. Les leghistes traitent les immigrés de «cochons», Berlusconi qualifie les électeurs de gauche de «couillons», jusqu'au doux Prodi qui sème à la ronde quelques «crétin» et «bouffon». Le député Storace dit que la nonagénaire Rita Levi Montalcini, sénatrice à vie, est une momie qui a besoin de béquilles. Devant Montecitorio, une députée fait un doigt d'honneur aux contestataires, qui lui rendent la politesse. A la mi-journée, les plateaux réunissent des f