Quel intérêt d'enseigner le «fait religieux» dans des sociétés sécularisées comme les nôtres ?
Jean-Christophe Attias et Esther Benbassa : La sécularisation dont vous parlez est un phénomène circonscrit, et même bien français. Presque une illusion d'optique. Même ici, et partout autour de nous, le religieux est présent. Notre quotidien, notre culture sont saturés de références religieuses. L'architecture, et pas seulement celle des églises, la musique, la peinture, la littérature, les comportements... La planète entière est religieuse, Occident, Orient, Extrême-Orient. Impossible de faire l'impasse sur un phénomène aussi ancien et aussi massif. Et qui continue d'inspirer tant de combats, parfois violents. La religion est encore le socle de nombre de sociétés, y compris les plus démocratiques, comme les Etats-Unis. Il faut bien que nous allions chercher les clés de compréhension de notre histoire et de notre monde là où elles sont. Certaines sont religieuses, que nous le voulions ou pas, que nous y croyions ou non. Nous-mêmes, et nombre des membres de l'équipe que nous avons réunie, ne sommes ni croyants, ni pratiquants, mais nous nourrissons une curiosité à la fois intellectuelle et citoyenne pour le fait religieux. Un de nos objectifs est précisément d'aider à transgresser certaines des frontières imaginaires et étanches que certains se plaisent à ériger entre laïcité et religion.
Qu'entend-on par «enseignement du fait religieux» ? S'agit-il d'une forme de catéchisme l