Saumur est une ville formidable : on peut y acheter sa baguette en bottes de cavalier, tout droit sorti d'une écurie, sans que personne ne vous regarde de travers. Il suffit de faire la queue dans une boulangerie du centre-ville pour le constater : l'accoutrement des écuyers, voire l'odeur de cheval qui les accompagne, ne gêne personne. Car Saumur (Maine-et-Loire) est entièrement dédiée au cheval et à l'équitation. C'est d'ailleurs la seule ville de France qui a un maire adjoint chargé des affaires équestres. On est prévenu dès l'arrivée : le premier bar en face de la gare ne s'appelle pas le Café des voyageurs ou le Relais, mais l'Ecuyer. Et même si l'on s'y rend lors d'un périple dans la Vallée des rois ou pour admirer l'impressionnant château monté sur un pic, le cheval revient au galop. Evidemment, quand on n'est jamais monté sur un canasson, cette adoration peut paraître insolite.
Le soir, aux terrasses des restaurants sur la petite place Saint-Pierre, dans les rues piétonnes entourées de belles maisons couleur calcaire bâties en tuffeau, on capte de drôles de conversations. «On a bien débourré» ne veut pas dire qu'on a dessoûlé depuis la veille, mais qu'on a essayé de dompter un jeune cheval. «Il reste aux fraises» ou «j'ai sauté des fromages» ne sont pas des expressions gastronomiques, mais indiquent que le cheval se tient la gueule en l'air ou que l'on a franchi de gros obstacles. Enfin, «quand il s'ouvrait, je montais les mains» n'é