C'est une image qui en rappelle une autre. En l'espèce, un placard publicitaire pour la marque Pathé-Marconi, où un clébard, l'oreille dressée, écoutait dans le pavillon d'un gramophone «la voix de son maître». Le succès de cette publicité fit beaucoup pour augmenter la mythologie du toutou forcement gentil. On note cependant que dans le message, la voix du maître était tout autant mise en vedette que l'oreille du chien. Signe que la relation ne va pas de soi entre l'animal et l'humain.
Cette photographie est une sorte de revoyure contemporaine de la publicité Pathé. Le chien est bien là, les oreilles plus que jamais érigées, et le maître aussi. Mais ce dernier est désormais plus qu'une voix. On aperçoit les trois quarts de son corps qui doit être jeune puisqu'il est habillé comme certains jeunes aiment s'habiller aujourd'hui. Chaussures d'une marque américaine, pantalon kaki d'inspiration troufion (à croire que depuis qu'on a supprimé le service militaire, les garçons français en ont vestimentairement la nostalgie) et sweat-shirt.
Si le cadre décapite le jeune homme, c'est que, propriétaire d'un bull-terrier nommé Apache, et habitant la cité de l'Etoile à Bobigny, il témoigne anonymement dans Libération à propos d'un fait divers : Le 22 octobre, à la cité de l'Etoile, Aaron, un enfant de 19 mois, a été dévoré par un chien de garde. La voix de son maître ne suffit donc plus. Ce qui est confirmé par ce qu'on voit de la chaîne puissante tenant en laisse Apache.
Cett