Comment ça va ? «Pour aller, ça va, c'est pour revenir que c'est difficile.»Ce dialogue dont la paternité revient à un clochard anonyme du métro - répondant à une gentille dame lui ayant glissé la pièce - pourrait servir de paradigme à d'autres dérives et substitutions de sens concernant la question du verbe aller. En notant, présupposé d'égarement consubstantiel à tout safari linguistique, qu'on pourrait passer pour dérangé à simplement admettre qu'il y a bel et bien un rapport entre l'infinitif du verbe et la moindre de ses conjugaisons. Pour l'exemple, entre l'aller (simple) et son futur «j'irai, tu iras, etc.». Rien qu'à l'oeil, c'est aberrant, et une fois de plus les braves qui apprennent notre français, et que ne rebute pas ce genre de surréalité, méritent notre admiration. D'autant qu'ils ne savent pas, les pauvres !, que la question benoîte du «ça va ?» est hantée par un jésuitisme de type lacanien (la réponse est dans la question). Demander «comment ça va ?» est le plus souvent une menace, puisqu'accrochée à l'espoir pas cool mais humain, que dans le fond, ça n'aille (aïe ?) pas du tout. Pour preuve, cette vogue humoriste d'accrocher à la loco de la question le fourgon d'un adjectif : Comment ça va mal ? Ou, pire sadisme : Comment ça va bien ? Quant aux réponses. Le «ça va, ça vient» demeure un classique, pour cause de sexe explicite. Mais le «couci-couça» - qui nous vient de l'italien cosi-cosi (comme ça-comme ça), c'es
Ça va ou ça va pas... le faire ?
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par Gérard Lefort
publié le 10 novembre 2007 à 1h24
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