En taxi-brousse, en pirogue, sur un char à zébu, en 4 x 4, puis à pied. Pas facile de s'approcher des Tsingy de Madagascar, dans l'extrême ouest de la Grande Ile. Le «pèlerinage» dans ces cathédrales de calcaire, classées au patrimoine mondial de l'Unesco en 1990, oblige à traverser la moitié du pays, en alternant les déplacements chaotiques et les moments contemplatifs. Au pays du mora mora (doucement en malagasy), c'est finalement une bonne chose.
Le départ a lieu à Tana, capitale ocre et brune, plantée sur dix-huit collines. Avenue de l'Indépendance, des enfants vêtus de lambeaux vendent des journaux français, quémandent en criant «vazaha», le nom donné aux étrangers. Au Tombeau des Karanes, en banlieue, la gare routière fourmille. Les minibus Hyundai débordent de sacs ventrus et de cageots surchargés. Les passagers s'entassent. Direction les hauts plateaux, où vit l'ethnie des Mérinas.
Première étape à Antsirabe. A 1 500 mètres d'altitude, le «Vichy» malgache de la colonisation française se pare d'un charme suranné : hôtels rétro, thermes, larges avenues où se croisent des pousse-pousse rouges et jaunes. Dans une bourgade voisine, un orchestre de cuivre évoque les fêtes de village d'antan. Les habitants paient l'écot pour déguster un romazava, le plat traditionnel, avant d'aller «retourner les morts». Par un sentier de muletiers, nous gravissons une butte. La petite foule tend des draps blancs, des hommes pénètrent dans un tombeau, en sortent deux dépo