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Libération
Critique

Code des familles mafieuses

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publié le 16 février 2008 à 2h21

Les mafias sont toutes des organisations criminelles mais toutes les organisations criminelles ne sont pas des mafias. Evident pour les spécialistes, ce constat ne l'est pas pour le grand public, alors que le mot mafia s'emploie à tort et à travers, aussi bien pour des affaires de corruption que pour le grand banditisme. Au risque de masquer ce que Cosa Nostra, la mafia sicilienne, ses cousines de Calabre ('Ndrangheta) ou de Campanie (Camorra) ainsi que d'autres organisations tels les triades chinoises ou les yakuza japonais, ont de particulier.

«L'association prime sur l'individu mafieux qui y fait allégeance et les frontières de la mafia sont clairement délimitées par la frontière du rite d'initiation», souligne Clotilde Champeyrache, spécialiste de l'économie criminelle qui, dans un livre dense, mêlant sociologie, économie et histoire, montre la spécifité du phénomène mafieux, y compris sur le terrain de l'imaginaire pour ses affidés, comme dans la société qui lui sert de terreau. Cosa Nostra en est l'archétype.

Impôt obligatoire.Le pouvoir de la mafia se définit d'abord par le contrôle du territoire. Chaque «famille» a le sien où elle règne en maître absolu. Même quand elle engrange des milliards par le trafic de drogue ou de déchets toxiques, même quand elle infiltre l'économie légale ou truste les appels d'offres, il est essentiel pour une «famille» de faire payer le pizzo - l'impôt mafieux - à tous, sans exception. Elle montre ainsi sa toute puissa