Samedi
Oter ses vêtements
Je commence ce samedi en regardant une carte de l'île de Bruny, que je viens de faire encadrer ; elle a été réalisée en 1795 par l'explorateur français Bruny d'Entrecasteaux, alors qu'il faisait un relevé de la Terre de Van Diemen, qui n'était pas encore colonisée. Ces noms français, dont certains perdurent, suggèrent ce qu'aurait pu être l'avenir de mon île natale, qu'on appelle maintenant la Tasmanie. Le groupe d'Entrecasteaux a rencontré les aborigènes de Tasmanie à plusieurs reprises et, une fois, ils ont même ôté leurs vêtements pour que les Tasmaniens se sentent plus à l'aise. Leurs rencontres semblent avoir été caractérisées par l'humour, la joie, les jeux, les cadeaux et, éventuellement, des relations sexuelles. On l'espère du moins. Dans les quarante années qui ont suivi, les mêmes aborigènes allaient être soumis à ce qui a été décrit à l'époque comme une «guerre d'extermination» financée par les colons anglais. «Les arbres sont immensément grands, écrivait d'Entrecasteaux à propos des forêts de Van Diemen, certains semblent aussi vieux que le monde lui-même [.] Nous étions emplis d'admiration à la vue de ces forêts anciennes où le bruit d'une hache n'a jamais résonné.»
Tandis que je roule vers le ferry de Bruny Island où je dois apporter la carte pour l'accrocher dans notre cabane, j'entends aux informations que des groupes écologistes prévoient la plus grande campagne de désobéissance civile de notre génération. Ils veulent sto