«Casse-toi pauvre con» est devenu, en quelques heures, le slogan phare de la présidence Sarkozy, supplantant - sur fond d'augmentations mirifiques du plat de coquillettes et de redémarrage à la hausse du chômage - le déjà complètement éculé : «Travailler plus pour gagner plus.» Cette répartie du Président à un visiteur du Salon de l'agriculture - un homme d'un certain âge accueillant la main tendue de Sarkozy du peu cordial (et grammaticalement incorrect) «Touche-moi pas, tu me salis» - était étrangement minorée, notamment par Jean-Pierre Rafarin, comme «un dialogue privé, d'homme à homme, direct et viril». Direct, d'accord, mais viril ? L'insulte structure le champ politique, elle déplace la violence physique dans l'ordre de la joute verbale. En latin, «insultare» désigne encore l'action physique de sauter sur quelqu'un. Il s'en est donc fallu de peu que Sarkozy et le visiteur ne se crachent sur les poings et se castagnent comme deux matamores tout rouges dans la cour de récré. Il faut dire que le Salon de l'agriculture est un haut lieu de la contestation politique et du franc-parler gaulois. Rappelons ainsi que l'association féministe les Chiennes de garde fut créée en réaction aux invectives sexistes lancées par les agriculteurs furibards contre Dominique Voynet en mars 1999. Entre autres amabilités servies à la ministre de l'Environnement : «Tire ton slip, salope !» Edith Cresson, première femme à occuper le poste de Premier ministre à Matignon, fut
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