On a l'impression que rien au monde n'était plus important, cette semaine, que d'empêcher Denis Gautier-Sauvagnac de toucher ses indemnités de départ. «Plus jamais ça», semblait-on penser face à ce qui apparaît comme une corruption récompensée. La France entière était derrière le Medef (et il y a des gens pour prétendre que Nicolas Sarkozy n'est plus habile). On proposait à l'ancien responsable de l'UIMM un million et demi pour se taire. Qui aura le courage de lui proposer deux millions pour parler, ainsi qu'ont fait les Allemands avec un banquier du Liechtenstein pour la fraude fiscale ? On oscille entre deux slogans contradictoires : «une seule solution, la corruption» et «corruption, piège à cons». Il faut pourtant voir que la corruption, c'est du pouvoir d'achat au sens propre : le pouvoir d'acheter les hommes. Il semble que, toute leur vie, ils se sont fait une certaine idée du pouvoir d'achat, à l'UIMM. Si désormais les patrons ne font plus de cadeaux, est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ? En tout cas, on comprend mieux pourquoi ils ne pouvaient pas augmenter le Smic, ils devaient choisir entre accroître les bas salaires ou la cagnotte. On ne peut pas leur reprocher d'acheter les salariés. Ils n'ont certes pas tenté de se mettre les smicards dans la poche à coups d'augmentations mirobolantes.
Maintenant, quand on parlera de «la table des négociations», peut-être faudra-t-il aussi évoquer les dessous de table des négociations. Il s'agissait de «fluidifier