Javier Cercas
Cet écrivain de 45 ans nous a paru tout indiqué pour parler des trous noirs du passé franquiste auxquels l'Espagne se heurte avec la récente «loi sur la mémoire historique» impulsée par le socialiste José Luis Zapatero. Admirateur fervent de Jorge Luis Borges, Javier Cercas tente notamment, dans ses écrits, de lever les tabous liés à la guerre civile (1936-1939) et au régime franquiste. Originaire d'Estrémadure, ce fils d'un vétérinaire vivant en Catalogne fait partie de la première génération pleinement décomplexée vis-sà-vis de la dictature. C'est l'une des clés du grand succès de son troisième roman, Soldados de Salamina (les Soldats de Salamine, Actes Sud, 2002). Chaque semaine, Javier Cercas publie une chronique dans le magazine dominical du journal El País.
Fin 2007, le gouvernement socialiste de Zapatero a fait approuver la loi de la «mémoire historique», qui réhabilite les victimes de la guerre civile et du franquisme. Etait-ce nécessaire ?
En soi, c'est assez suspect que le pouvoir légifère sur l'histoire et la mémoire. C'est aux historiens qu'il appartient de s'y pencher. Méfions-nous du zèle des gouvernants dans ce domaine et rappelons-nous l'empereur chinois, Shi-Huang Ti, dont parle Borges, qui voulut abolir l'histoire en brûlant tous les livres. Cela dit, en Espagne, cette loi était nécessaire. Car, contrairement à ce que dit la droite, elle ne rouvre pas de vieilles blessures. C'est une loi de pure compensation en faveu