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Libération

«Relève-toi, Italien»

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publié le 22 mars 2008 à 2h48

En ce mois de propagande électorale, j'ai fait une découverte : il y a un tas de gens qui m'aiment. Toute l'Italie est tapissée d'affiches, de panneaux et d'écrans pleins de messages d'amour pour moi. Sur les murs sont collées des lasagnes de couches de papier, chaque affiche en recouvre une autre. Des visages souriants apparaissent dans les trams, les taxis, les aéroports, me regardent, gigantesques au bord des autoroutes, minuscules, aux arrêts de bus. Tous ces visages de politiques me jurent amour, affection et sollicitude. «Relève-toi», «Espère», «Je suis à tes côtés», «Nous pensons à toi», «Tu as un ami de plus».

Une séduction emmiellée qui dégouline dans les rues. Et pendant qu'ils courtisent tendrement les électeurs, les chefs des partis s'insultent, se traitent d'enculés, se crachent dessus. Une ambiance schizophrénique. Tous les slogans comportent les mots «nouveau», «changement», «avenir», même si la plupart de ces visages me sont familiers depuis des siècles.

Fasciste soft ou hard. J'arrive à l'aéroport, je me baisse pour prendre ma valise ; au-dessus de moi s'étale un écran géant sur lequel Silvio Berlusconi me dit : «Relève-toi, Italien!» On dirait qu'il veut que je me relève pour m'asséner le coup de grâce, mais comment douter de son altruisme ? Il a déclaré : «Je me présente pour le bien du pays, je n'ai aucune ambition personnelle et ne serai pas candidat aux prochaines élections.» On ne sait pas très bien si c'est parce qu'il sera