Un homme scotché à son portable en attendant qu'elle l'appelle. Un autre se mélangeant les clics entre ses conquêtes du Net. Un petit garçon guettant le rendez-vous quotidien de sa mère célibataire. Serge Joncour, à travers dix-huit nouvelles superbes, écrit plus qu'un recueil d'histoires, il fouille au coeur de la modernité des sentiments. De son côté, Lucia Etxeberria décortique les formules chimiques et psychologiques de l'aventure amoureuse contemporaine, dans un essai drôle et optimiste. Deux oeuvres en dehors des chemins battus du roman qui éclairent l'état de notre carte du tendre.
Dans De l'amour, Stendhal - qu'il est permis en la matière de préférer à Flaubert - décrit le processus de cristallisation du sentiment amoureux que l'on connaît. La théorie stendhalienne, qui distingue sept périodes dans l'histoire amoureuse, est-elle dépassée à l'heure des SMS et de Meetic ? Pas sûr. Les livres de Joncour et d'Etxeberria viennent en apporter la preuve.
Une fois décryptés les avatars de l'amour moderne, restent l'alchimie des attractions et des projets, la magie des instants et des désespoirs. N'empêche, on ne peut se retenir d'admirer la justesse des notations de Serge Joncour tout au long des nouvelles de Combien de fois je t'aime. Ainsi de ces deux-là, qui souffrent de ne pas avoir d'enfants et tentent les dernières techniques disponibles, puis se retrouvent après l'échec dans une tendre stupeur qui réchauffe. Alzheimer vient raccrocher ces deux autres, sép