Michel Vinaver
Après le TNP de Villeurbanne, le théâtre de la Colline à Paris présente, à partir de ce samedi, dans une mise en scène de Christian Schiaretti, Par-dessus bord, le chef-d'oeuvre de Michel Vinaver, écrit en 1968. Une pièce au long cours - sept heures de spectacle - qui raconte l'histoire d'une entreprise française de papier hygiénique tentant de résister à la concurrence américaine. Une épopée tragicomique du capitalisme qui n'a rien perdu de sa férocité et de son actualité. Figure majeure depuis cinquante ans du théâtre contemporain, Michel Vinaver, 81 ans, fut aussi pendant longtemps PDG de Gillette France. Chef d'entreprise le jour et dramaturge le soir, grand témoin singulier de l'histoire de son temps, il revient sur cet étrange aller-retour entre l'usine et les planches.
En mai-juin 68, vous étiez PDG de Gillette France. Que s'est-il passé ?
Rien. L'usine d'Annecy, qui abritait le siège de l'entreprise, ne s'est pas mise en grève. Sauf un jour, pour marquer sa solidarité. C'était la seule usine de la région à ne pas être en grève. Il faut dire que Gillette était une entreprise privilégiée qui, comme sa maison mère à Boston, pratiquait une politique de hauts salaires et d'avantages sociaux au-dessus de la moyenne. D'ailleurs, il n'y avait pas de syndicat à l'usine. Cela correspondait au rêve américain.
Le directeur était donc tranquille. Mais l'auteur qui était en train d'écrire Par-dessus bord ne regrettait-