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Libération

Le joli mai des Catalans polonais

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publié le 7 juin 2008 à 3h47

Avant que le légendaire plombier polonais ne parcoure l'Europe prospère, l'Espagne avait, sans le savoir, des millions de Polonais sur son territoire. Les premiers à apparaître datent de la seconde moitié du XVIIIe siècle, ils étaient peu nombreux, mais très bruyants : les assidus d'un théâtre lyrique célèbre de Madrid, le théâtre del Príncipe, s'intitulaient eux-mêmes les «Polonais», ennemis jurés des fidèles - qui s'intitulaient, eux, les «Chorizos» - de l'autre théâtre madrilène alors en vogue, le théâtre de la Cruz. Les batailles entre Polonais et Chorizos étaient célèbres et parfois très violentes, au point que, avec le consentement du roi Charles III, le comte d'Aranda promulgua une loi pour dissoudre ces bandes de fans avant la lettre. C'est à ce comte, par ailleurs responsable de l'expulsion des jésuites, que Voltaire faisait allusion quand il disait qu'«avec une demi-douzaine d'hommes comme Aranda, l'Espagne serait régénérée».

Impérialisme. Le Polonais mélomane est tombé dans l'oubli mais dans les années 90 une majorité d'Espagnols a découvert que dans les milieux militaires et du football, les Catalans étaient péjorativement appelés Polonais. L'origine de cette dénomination est incertaine, mais semble avoir des relents idéologiques, ou plus exactement impérialistes : elle s'est répandue quand les troupes de Franco sont entrées dans Barcelone à la fin de la Guerre civile, avant l'invasion de la Pologne par les nazis, en septembre 1939. Comme je n