A côté des pays émergents, y aurait-il le continent naufrageant ? En Europe, on paraît de plus en plus craintifs face à la mondialisation. Un papillon qui agite une aile en Indonésie, et ça ne présage rien de bon pour notre économie. Ce n'est pas notre pouvoir d'achat qui pose problème, c'est notre pouvoir tout court. On dirait la météo, on n'est pas responsables des catastrophes mais il faut bien les subir de plein fouet. Des cyclones et des anticyclones nous arrivent de partout. Il y a de plus en plus d'intempéries et de moins en moins d'assurances. «Caramba, la Fed n'a baissé ses taux directeurs que d'un demi-point.» «Mon Dieu, la BCE laisse les siens inchangés.» On nous tient plus informés du prix du pétrole que de celui du ticket de métro ou du pass Navigo. Le niveau de change euro-dollar est une préoccupation quotidienne, ce qui n'était pas gagné. La globalisation est une espèce de pandémie dont les bulles financières transmettent le virus. Les Américains ont attrapé les subprimes et tout le monde est subclaquant. Là-dessus, on s'est pris un gros coup de pétrole et une inflammation des denrées alimentaires, l'euro a 39,5 °C le matin, il ne manquerait plus que le coeur de l'immobilier lâche. On imagine le désastre si les riches Japonais et Russes estimaient que ce n'était plus agréable de vivre à Paris, il faudra penser à briquer la Tour Eiffel. On a peur de devenir des figurants qui devront se promener avec un béret sur la tête, une baguette et un litron sous les bras
«Mais arrêtez de me mondialiser»
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par Mathieu Lindon
publié le 14 juin 2008 à 3h52
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