Samedi Toulouse
Il pleut sur Toulouse, depuis trois jours. La pluie est fatale aux villes du Sud. Il suffit d'une averse pour que la lumière d'Alger, de Tunis ou de Beyrouth se transforme en corbillard. Je suis là pour le Marathon des mots. La veille, j'ai donné lecture d'extraits de l'Orient après l'amour à la maison d'Occitanie. A la fin, une vieille dame a allumé son portable et écrasé une larme. J'ai été vers elle pour la consoler : «Désolé de vous avoir fait pleurer, Madame, pourtant je n'écris que des choses drôles.» «Ce n'est pas de votre faute monsieur. C'est un SMS de mon mari, il m'annonce qu'on s'est pris une branlée de branlée face aux Orange. 4 à 1. Vous vous rendez compte !» Sur la place du Capitole, je retrouve mon ami Boualem Sansal, très marqué par la polémique violente et parfois ordurière suscitée à Alger par son roman Le Village allemand. Il rentre du Maroc, subjugué par la ville de Fès. Je lui raconte ma dernière visite au Royaume : je donnais une lecture dans une université qui fut un bastion de l'extrême gauche dont beaucoup d'animateurs étaient à mes côtés à la tribune. Il y a eu l'appel à la prière du crépuscule, tout l'amphi s'est levé comme un seul homme pour aller faire la prière sur la pelouse du campus. Je ne me suis jamais senti aussi seul. J'ai dit à Boualem : «Je crois cher ami, que nous sommes une race en voie de disparition.» Il est parti d'un grand éclat de rire : «Tu es optimiste ; moi, je dirais nous sommes