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Libération
Interview

En Afrique du Sud, le feu couve encore»

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publié le 21 juin 2008 à 3h58

L'ancien président Frederik De Klerk est intervenu, à la fin de la récente vague de violences xénophobes en Afrique du Sud, pour dire qu'elle n'a rien à voir avec l'apartheid. Qu'en pensez-vous ?

Au contraire, ces violences sont parties des mêmes endroits que les révoltes contre l'ancien régime, et se sont propagées en suivant le même parcours. Le township d'Alexandra, où la crise a éclaté le 11 mai, était déjà un foyer important de révolte en 1946. Le boycott des laissez-passer imposés aux Noirs est parti de là, comme les premières grèves de mineurs. Alexandra, le seul lieu de Johannesburg où les Noirs ont pu conserver des titres de propriété sous l'apartheid, a toujours une importance symbolique. En mai, tout a commencé par une réunion sur l'attribution de logements sociaux. Les listes d'attentes sont très longues, et la corruption répandue. Des Sud-Africains qui attendent parfois depuis des années ont pensé, à tort ou à raison, que des étrangers avaient obtenu des maisons avant eux, en payant des pots-de-vin. La question des terres, en Afrique du Sud, ne porte pas sur des champs à cultiver, mais sur des terrains constructibles en ville. Contrairement au Zimbabwe, où l'économie dépend largement de l'agriculture, très peu de Sud-Africains sont intéressés par des terres arables. L'Afrique du Sud est industrialisée depuis longtemps. Lors des dernières élections, le Congrès panafricain (PAC), le seul parti noir qui milite encore sur la redistribution des terres, a obtenu moins