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Libération
Reportage

Sotchi, cocasserie caucase

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Se faire fouetter à coup de branches de chêne, mijoter dans un bain bouillant, dormir dans le lit de Staline ou partir à la recherche de la Toison d'or. Tout est possible dans la kitchissime station balnéaire postsoviétique.
publié le 21 juin 2008 à 3h58

Envoyée spéciale à Sotchi

Plongé dans un chaudron d'eau brûlante, suspendu au-dessus d'un feu de bois, on oublie bien des préjugés sur Sotchi, la plus célèbre station balnéaire de Russie. Le béton, les sanatoriums croulants aux noms qui fleurent bon le prolétaire («Metallourg», «Avant-Garde», «Etincelle»), les chantiers des prochains Jeux olympiques, les expropriations, le massacre écologique. Tant d'horreurs sont dites et écrites sur la «Riviera caucasienne» qu'il n'est pas besoin d'en rajouter. En 2014, Sotchi sera capitale des 22e JO d'hiver. Il faut donc y aller maintenant, pour des balades hors des sentiers olympiques.

Lit de paille. Au pied des montagnes de Krasnaïa Poliana, la station de ski attenante, vous voilà donc nu, dans un chaudron d'eau à 42 degrés, avec les arbres et les petits oiseaux pour seuls témoins. Cela s'appelle l'épreuve du «cheval bossu», en hommage au conte russe du petit Ivan qui prit un bain de lait bouillant et ressortit «svelte et beau comme un jeune dieu». Le tsar plongea à son tour et s'ébouillanta. «Le bain en chaudron est aussi une tradition japonaise, le célèbre ofuro, rappelle Vladimir Riapolov, l'inventeur de ce supplice de Sotchi. Nous essayons ici de faire la fusion des traditions orientales et européennes.» Ancien professeur d'éducation physique, féru d'ésotérisme, Vladimir Riapolov a créé ici un petit monde assez extraordinaire des bains, le «Bania Land», où il croise en toute hérésie les inspirations romai