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Libération

Ça va pas le faire

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publié le 30 août 2008 à 4h47

Il est bien pratique ce verbe «faire». Comme tous les mots vagues, il est souple et son usage évolue saison après saison. «Ça l'fait» fut, il y a quelques années, une manière de renouveler les expressions devenues ringardes du genre «ça gaze», «ça marche», «ça roule (ma poule)», «ça baigne». Le faire : vieilles réminiscences de l'argot des fiacres puis des typographes. «Ça fait la rue Michel» signifiait «ça fait le compte» parce qu'une rue du quartier des imprimeurs à Paris était dénommée rue Michel-le -Comte. En revanche, «je crois que ça va pas l'faire» est une vraie fin de non-recevoir. Plus forte que le «je crois que ça va pas être possible» de Zebda. Une litote pour dire «va mourir», en quelque sorte.

En cette rentrée, on l'entend beaucoup. Les Français qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts, en recevant leur feuille d'imposition se la répètent. Effondrés.

Certains (jeunes) diplomates, en observant ce qui se passe en Géorgie après la signature de l'accord entre Sarkozy et Medvedev, la murmurent à la veille du Conseil européen exceptionnel de lundi.

Même soupir, même litote à La Rochelle ce week-end : «xxx, ça va pas le faire» (remplacez les XXX par, au choix, Ségolène, Bertrand, Pierre, Martine.).

Bonne nouvelle pour le verbe faire, il sert aussi à tresser des lauriers. Ainsi dansle Pointqui clame, cette semaine, que depuis qu'il s'agite sur la scène internationale, «Sarkozy fait président».

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